Particularité

La liste des genres et espèces ci-après constituent un "catalogue provisoire" des Chrysomelidae de la Nouvelle Calédonie
Par Pierre Jolivet.
Ce catalogue ne tient pas compte de nombreuses synonymies non démêlées, des espèces et genres nouveaux à décrire.Quelques espèces importées accidentellement ou volontairement, pour la lutte biologique, sont mentionnées.
Les types de Montrouzier semblent avoir été détruits à Montpellier et à Lyon ou, avoir été dispersés pour certains, dont ceux de la collection Perroud. Très peu subsistent à Paris, avec de rares spécimens de Perroud ou quelques possibles paratypes de certaines espèces. A Bruxelles, subsistent les types de Fauvel et des espèces non décrites ou non publiées. A Bruxelles, aussi, sont des types ou paratypes de Chapuis et, à Paris, ceux de Lefèvre. A Dresden, sont conservés les types de Heller et, à Londres, subsistent quelques rares types de Baly et de Monros. Les types desLamprosomatinae de Monros doivent également se trouver à Washington avec la collection Monros. A Bâle, peuvent se trouvent aussi des paratypes de Heller. A Brisbane et à Sydney, sont déposés les types de Reid et à Honolulu, au Bishop Museum, ceux de Gressitt et de Samuelson.
Un louable effort, à encourager, est fait par Christian Mille et son équipe pour constituer une collection locale de références à Pocquereux, près de La Foa, Nlle Calédonie. Une collection de base manque cruellement à la grande île. Neuf sous-familles de Chrysomelidae y sont représentées (dix, si l?on adopte les Spilopyrinae avec Reid (2000), mais, de mon point de vue, ce sont des Eumolpinae, seulement plus primitifs, avec des ailes types eumolpines).
Les découvertes récentes au Mt. Humboldt d?un nouveau genre de Chrysomelinae montre que des vestiges d?une faune plus riche doivent encore subsister en des endroits difficilement accessibles, qui ne furent pas visités par les pionniers, comme Montrouzier. Des sous-familles sont plus riches que les autres, tels les Eumolpinae, les Galerucinae, les Alticinae et les Hispinae. Les Eumolpinae contiennent même une relique gondwanienne, très proche de deux genres chiliens, les genres Hornius et Stenomela, le genre Bohumiljania récemment réétudié aux environs de Pocquereux.. La faune de la Nouvelle-Zélande, pourtant proche, présente des analogies avec celle de la Nouvelle-Calédonie mais ne semble pas contenir de genres archaïques apparentés (Spilopyrini). Ces genres, ont été groupés avec des genres australiens et néoguinéens archaïques, légérement plus évolués, et semblant avoir suivi la forêt antarctique à Nothofagus, à la fin du Crétacé, lors des liaisons crétacées sud-gondwaniennes de la Patagonie à la Nouvelle-Calédonie. D?autres sous-familles, déjà très rares en Australie, et souvent absentes des îles, manquent totalement, tels les Clytrinae ou les Donaciinae, ces derniers aquatiques et ne descendant pas plus au sud que le Queensland. Elles manquent aussi en Nouvelle-Zélande. Les Sagrinae sont aussi absents, alors qu?ils ont des genres archaiques au Brésil, Argentine, Madagascar Nouvelle-Guinée et Australie. L?Australie qui contient, au Nord, les Sagra classiques paléotropicaux, a aussi le plus grand nombre de genres et d?espèces de sagrides archaïques gondwaniens. Un genre, le genre Megamerus, est commun au Brésil, à Madagascar et à l?Australie. Tout ce groupe manque à la Nouvelle-Calédonie et à la Nouvelle-Zélande. D?autres sous-familles ont peu d?espèces ou de genres, telles les Cassidinae, les Cryptocephalinae, les Chrysomelinae ou les Criocerinae. Les Lamprosomatinae existent dans l?île, mais sont très petits (1mm5) et n?ont été que peu étudiés. Ils semblent fréquents en altitude sur les épiphytes (Geff Monteith, pers. comm.).
En gros, une faune dysharmonique, appauvrie, mais aussi un conservatoire de genres disparus ailleurs sur les territoires voisins, aussi bien en Australie qu?en Nouvelle-Guinée et Nouvelle-Zélande. Les affinités avec la Nouvelle-Zélande sont cependant parfois patentes, comme pour certains Eumolpinae.
Leschen et Reid (2004) mentionnent 156 chrysomélides, dont 19 importés, en Nouvelle-Zélande, alors que j?en trouve 83, dont 3 ou 4 importés, en Nouvelle-Calédonie. Cela ne doit pas être considéré comme étant un signe de pauvreté faunistique. La faune néozélandaise a été très étudiée, en ce qui concerne les coléoptères. Celle de Nouvelle-Calédonie l?a été très peu, en ce qui concerne une famille particulière, les Chrysomelidae et quelques autres. Facilement, ce nombre peut être plus que doublé par une chasse intensive, notamment sur les montagnes, encore très peu explorées après la saison des pluies, en été. Les Criocerinae, Cassidinae, Hispinae, qui manquent en Nouvelle-Zélande, sont représentées en Nouvelle-Calédonie, et les Hispinae abondamment. Les Stetophachys on gardé leur attirance pour les monocotylédones, tout spécialement les orchidées.
Comme les anciens travaux étaient assez mal datés, une certaine confusion règne sur les dates exactes des descriptions, à une année près. Les paginations des anciens textes varient aussi parfois selon les versions imprimées.



Conclusions.-
Neuf sous-familles, trente-cinq genres et quatre-vingt trois espèces de chrysomélides ont été jusqu?à présent recensés en Nouvelle-Calédonie :
Criocerinae : gen. : 1, sp. : 2 ; Cryptocephalinae : gen. 4, sp. : 11; Lamprosomatinae: gen. :1, sp. : 2; Eumolpinae : gen. : 5, sp. : 18 ; Chrysomelinae : gen. : 3, sp. : 3 ; Galerucinae : gen. : 3, sp. : 8 ; Alticinae : gen. : 11, sp. : 24 ; Hispinae : gen. : 6, sp. : 13 ; Cassidinae : gen. 1, sp. : 2.
Quatre espèces ont été importées accidentellement ou volontairement. Il est fort probable que des recherches poussées, notamment sur la montagne, puissent doubler ce nombre et éventuellement retrouver des espèces gondwaniennes subantarctiques analogues à Bohumiljania caledonica sur les Myrtacées locales (Syzygium spp.). Déjà une espèce très variable semble être distribuée le long de la chaîne centrale de Mandjelia au Mt Humboldt et a été découverte en 2005 : Bohumiljania humboldti. Cette dispersion semble s?être faite au Crétacé, quand des liaisons existaient encore à travers la forêt dense antarctique à Nothofagus, de la Patagonie à l?Antarctique, l?Australie, la Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle-Zélande, sans oublier Norfolk. Les Araucaria et voisins sont des signes actuels de ces liens du passé, avec des familles archaïques, telles les Monimiacées, les Amborellacées et tant d?autres familles de plantes encore bien représentées en Nouvelle-Calédonie. N?oublions pas que la Nouvelle-Calédonie est la seule à avoir conservé les Amborella, la plante la plus primitive parmi les plantes à fleurs ou Angiospermes et dont l?anatomie, sans vaisseaux, la rapproche des Gymnospermes. Par contre, il n?y a pas de Gunnera, une dicolylédone primitive. Les Gunnéracées manquent en Australie continentale et en Nouvelle-Zélande, mais, par contre, se rencontrent encore en Nouvelle-Guinée et en Tasmanie.Les Gunnera sont surtout des plantes de montagne en Amérique tropicale , mais elles existent ailleurs, notamment dans les îles Antarctiques et en Afrique méridionale. L?exploration de la montagne est à faire d?urgence en période post-pluviale, à la fin de l?été et durant l?été, quand les pluies sont suffisamment précoces.

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